Assistance digitale : équiper le domicile des seniors en perte d’autonomie
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Face à une population vieillissante, l’AVIQ fait le pari ambitieux des nouvelles technologies. L’agence wallonne a en effet lancé un appel à projet pour permettre aux personnes en perte d’autonomie de rester chez elles grâce à des solutions connectées – et 120 logements équipés d’assistance digitale 2.0 ont récemment été inaugurés en Wallonie. Un projet ambitieux qui s’inscrit dans le cadre du Plan de Relance de la Wallonie.
« Hors de question que j’aille en maison de repos » affirment avec conviction jeunes et moins jeunes. Sauf que ce choix n’en est pas toujours un pour des personnes qui voient leur autonomie leur échapper, et pour qui rester seules à domicile peut s’avérer un danger. La solution envisagée par la Wallonie pour leur permettre de rester chez elles en toute sécurité ? Le développement de logements connectés, une aubaine tant pour leurs bénéficiaires que pour les travailleurs du secteur de la santé, sans oublier la collectivité. Concrètement, un logement connecté est un logement équipé de technologies qui permettent de le contrôler à distance. Des technologies qui peuvent être utilisées pour diverses tâches, qu’il s’agisse de la surveillance de l'activité physique, de la gestion des lumières et des appareils électriques ou encore de l'appel d'urgence. Objectif : détecter rapidement les chutes ou autres incidents qui peuvent survenir chez les personnes âgées ou en situation de handicap, mais aussi monitorer leur activité physique, ce qui peut aider à identifier les problèmes de santé potentiels, et contribuer à permettre à des personnes qui ne veulent ou ne peuvent pas s’installer en maison de repos de rester chez elles. Un enjeu que l’AViQ prend très au sérieux, la Wallonie ayant récemment inauguré pas moins de 120 logements équipés d’assistance digitale, soit 48 en Province de Liège, 10 en Brabant wallon, 35 en province du Hainaut, 9 en province du Luxembourg et 18 en province de Namur. Et ce n'est que le début, car l’Agence wallonne pour une vie de qualité a attribué un appel à projets en vue d’équiper 15.000 logements avec cet objectif.
Un outil supplémentaire
Parmi les candidats qui ont répondu « présents », on retrouve la Centrale de Services à Domicile (CSD) de Solidaris Liège, une ASBL créée il y a cinq décennies déjà et rassemblant plus de 1200 travailleurs unis par la même mission : permettre aux gens de rester chez eux le plus longtemps et dans les meilleures conditions possibles. Notamment, grâce aux services d’infirmières et d’aide à domicile ou à la téléassistance, mais aussi, bientôt, grâce aux nouvelles technologies. Ainsi que l’explique Laurent Wenric, le directeur général de la CSD, « l’appel à projets lancé par la Région wallonne a été pour nous l’occasion de tester de nouvelles solutions d’assistance aux personnes en perte d’autonomie ». Parmi celles-ci, des systèmes qui vont des détecteurs d’habitudes de vie aux capteurs infrarouge et visent à répondre à une question sociétale pressante : comment accompagner au mieux les gens chez eux ? « On est face à une population vieillissante, dont une bonne partie souhaite passer ses vieux jours à domicile, mais ce n’est pas toujours possible en termes d’autonomie », pointe Laurent Wenric. Qui souligne également que les places en maison de repos ne sont de toute façon pas illimitées, avant de s’empresser de préciser qu’il ne s’agit nullement de révolutionner complètement le secteur : « l’idée n’est pas de remplacer les travailleurs par la technologie, mais bien de leur donner des outils supplémentaires pour pouvoir mieux aider encore nos bénéficiaires. Ce n’est pas un secret : il n’y a pas assez de travailleurs dans le secteur de la santé pour répondre à tous les besoins auxquels il fait face, donc faire appel aux nouvelles technologies est bénéfique pour les personnes âgées, mais permet aussi de dégager du temps et des ressources pour les travailleurs du secteur ». Et d’assurer qu’à la CSD, « on est convaincus que la technologie, si elle est utilisée correctement, peut améliorer la qualité de vie de tous ».
Proposer d’autres solutions
Un constat que partage Alixe Evrard, chargée de projet au sein d’AidiDom, un consortium fondé spécifiquement pour répondre à l’appel à projets de l’AVIQ. Rassemblant trois fédérations actives dans le secteur, le consortium voit la technologie comme un atout à déployer dans l’intérêt des bénéficiaires et au service des prestataires. Comment ? « Dans un premier temps, on a identifié les différents dispositifs qui existaient sur le marché, puis on a équipé 50 volontaires de cinq solutions différentes pour pouvoir analyser directement leur impact sur les bénéficiaires mais aussi leurs proches ainsi que les prestataires de terrain ». Verdict : « Il reste des variantes, mais le principe de base de chaque dispositif est un capteur qui enregistre une série d’informations et est relié à une box équipée d’intelligence artificielle pour étudier les habitudes de vie de la personne et déclencher une alerte quand la personne en dévie ». Et Alixe Evrard de confier que l’objectif est de « trouver un moyen de répondre aux enjeux de vieillissement de la population, en sachant qu’une maison de repos n’est pas la solution pour tout le monde ». Mais aussi de sécuriser le domicile des personnes porteuses de handicap afin de consolider leur autonomie.
Une mission qui a autant de sens au niveau individuel que pour la collectivité. « C’est une vision sociétale : on doit se demander comment permettre à nos aînés de passer agréablement une partie de leur vie où ils sont de plus en plus dépendants. Cela représente un investissement pour la Wallonie, mais permettre à ces citoyens ainsi qu’à leurs proches de se sentir en sécurité n’a pas de prix » assure Alixe Evrard. Et Laurent Wenric de surenchérir, rappelant que « quand on est chez soi, le moral est bon et on vieillit mieux, et ces technologies le permettent parce qu’elles démultiplient les capacités à prendre soin des personnes en perte d’autonomie ». Peut-être que l’intelligence utilisée est artificielle, mais ses effets positifs, eux, sont bien réels.