Plan Langues
Parler couramment
Parler une langue supplémentaire n’est pas simplement une source de fierté : c’est aussi un sacré atout sur un CV, ainsi que l’accès à une myriade d’opportunités. Autant de raisons qui ont poussé la Wallonie à élargir les frontières de ses citoyens, au propre comme au figuré : avec son Plan Langues, la Région investit pas moins de 10 millions d’euros. Objectif : favoriser l’insertion durable des Wallons sur le marché du travail.
Piloté par le Forem, le Plan Langues de la Wallonie vise à améliorer les compétences linguistiques des Wallons en néerlandais, en anglais et en allemand. Chargé de coordonner les neuf différents axes du plan, Brian Dechamps veille ainsi notamment à assurer la promotion des langues, mais aussi à mettre l’accent sur l’apprentissage des langues métier ainsi qu’à mutualiser les ressources pédagogiques. Le fil rouge des différents volets du plan ? La volonté d’adapter ce dernier aux besoins des candidats, et non l’inverse, afin de cibler au mieux leurs besoins et de renforcer leur motivation dans le processus d’apprentissage.
C’est qu’apprendre une langue n’est pas simplement une manière pratique de ne plus devoir activer les sous-titres : « améliorer le niveau de langues des citoyens permet d’emblée d’augmenter le taux d’emploi de la Wallonie, parce que cela ouvre non seulement de nouvelles possibilités de carrière de l’autre côté de la frontière linguistique, mais cela ouvre aussi un horizon à l’international. Or c’est important pour la région de pouvoir rayonner à l’étranger et de trouver de nouvelles perspectives et débouchés » pointe Brian Dechamps. Logique, donc, que la Région investisse : « On a des candidats motivés à aller travailler en Flandre par exemple, mais qui ont des lacunes en langues qui les freinent, donc on veut leur venir en aide, parce que c’est aussi le rôle d’une région de soutenir ses travailleurs ». Par le biais de différentes formules allant de l’auto-apprentissage à l’immersion en entreprise, une expérience qui permet aux candidats d’apprendre la langue de leur choix in situ, et qui fait toujours plus d’adeptes en Wallonie.
Un programme qui fait ses preuves
Parmi eux, on retrouve notamment Vincent Martorana, diplômé en archéologie et histoire de l’art de 28 ans, qui a entendu parler du Plan Langues par le biais d’une amie et n’a pas hésité : « c’est une bonne occasion d’apprendre une langue grâce aux cours théoriques, puis de vraiment l’assimiler à l’aide du stage à l’étranger. La possibilité de réaliser ce stage dans un milieu professionnel lié à mon diplôme était aussi un vrai plus : l’archéologie étant un secteur où peu de places sont disponibles, cette possibilité d’obtenir une première expérience professionnelle ne pouvait être qu’un sacré atout pour mon CV ». Dont acte, puisque de retour de son stage en immersion à Malte, où il a pu perfectionner son anglais grâce au Plan Langues, Vincent travaille désormais dans le domaine de l’archéologie préventive. « L’anglais est une des langues les plus importantes dans le milieu professionnel, et elle permet aussi de s’exporter à l’étranger si on en a envie. J’ai réalisé mon stage en immersion au Musée d’archéologie national maltais, à La Valette, et aujourd’hui, je peux enfin tenir des conversations sans faire mourir de rire mon interlocuteur. Le fait d’avoir amélioré mon anglais, mais aussi d’avoir travaillé dans une institution nationale connue dans le milieu de l’archéologie, a clairement donné plus de poids à ma candidature au moment de décrocher mon job actuel » assure le jeune homme. Qui, bien conscient de la précarité de son secteur de prédilection, réplique aux éventuels détracteurs de cet investissement wallon « qu’employer de l’argent à éduquer sa population ne sera jamais une dépense inutile. Si un étudiant en archéologie a pu trouver un emploi avec la contribution du Plan Langues, c’est déjà une preuve en soi de l’efficacité du programme ».
Win-win
Un programme qui change littéralement la vie de celles et ceux qui en bénéficient. Laura Decamps, 34 ans, a ainsi changé totalement de voie après son stage en immersion en Irlande. La native de Frameries, qui se destinait à une carrière dans le tourisme, a été placée au sein d’une structure d’enseignement de l’anglais aux personnes d’origine étrangère. Une expérience qui lui a fait revoir ses projets pour l’avenir : « à la base, je me voyais devenir guide touristique ou agent de voyages, mais à la fin de mon stage, mon manager m’a proposé de suivre une formation pour devenir prof. Je n’avais jamais envisagé ce métier, puis finalement, je me suis dit pourquoi pas, d’autant que c’est un métier en pénurie, qui m’ouvrirait aussi des portes sur le long terme. C’est une valeur sûre ». Et Laura de confier que cette expérience à l’étranger lui aura apporté énormément : « je n’aurais jamais pensé sortir autant de ma zone de confort et vivre une expérience aussi bouleversante, dans le meilleur sens du terme. J’ai mille fois plus confiance en moi au moment de parler anglais, mais aussi sur le point de vue professionnel : 10 semaines, cela peut sembler court, mais ça m’a permis de travailler plein de compétences. Je me sens beaucoup plus confiante pour partir à la recherche d’un emploi » assure encore Laura. Qui « recommande à tout le monde de foncer, parce que les stages en immersion du Plan Langues sont une très belle opportunité, aussi bien professionnelle que personnelle ». Vincent, lui, encourage « tous ceux qui cherchent à se démarquer sur le marché de l'emploi, mais également à tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'avoir suffisamment de subsides pour se lancer réellement dans l'apprentissage d'une langue au cours de leurs parcours scolaire. Ce programme est une vrai chance pour les moins nanti d'entre nous”. Mais aussi pour la Wallonie, parce qu’ainsi qu’il le souligne, “donner aux Wallons les outils nécessaires pour être compétitif sur le marché de l’emploi, aussi bien national qu’international, ne peut qu’être profitable”. Une situation win-win, comme on dit dans la langue de Shakespeare.